"Caïn" : un flic hors norme
Chouette ! Revoilà Caïn, mon flic français préféré, pour sa troisième saison.
Grognon, râleur, ce "flic à roulettes" comme l'appelle sa partenaire Lucie Delambre (Julie Delarme) est handicapé à la suite d'un grave accident de moto. Cela n'a rien arrangé à sa vision de la vie et des autres : parfaitement cynique et souvent méchant, il fait beaucoup penser à Dr House.
Le capitaine Fred Caïn (Bruno Debrandt) est un indépendant viscéral, qui a un mal fou à travailler avec son équipe. Du coup, le commissaire Moretti (Frédéric Pellegeay) lui a imposé comme équipière le lieutenant Delambre, une ancienne militaire qui n'a pas froid aux yeux et qu'il ne parvient pas à destabiliser, ce qui amuse et agace à la fois Caïn. Tous deux se cherchent, se titillent, ce qui donne lieu à des dialogues percutants et d'une drôlerie irrésistible.
Son handicap amène une autre vision des choses : à hauteur de son fauteuil, on perçoit souvent les obstacles de la vie courante rencontrés au jour le jour : escaliers, trottoirs... Allez donc poursuivre un bandit dans une ruelle en fauteuil roulant ! Sa collègue ne lui épargne rien, car il est d'une fierté maladive : elle prend parfois un malin plaisir à mettre à mal cet orgueil de mâle, en l'attendant au fond d'un jardin ou en haut d'une volée d'escaliers, après qu'il se soit montré bien odieux avec elle... Elle est d'ailleurs la seule à oser lui dire ses quatre vérités et à se moquer totalement de son état - ce dont il lui est reconnaissant.
Caïn refuse de se garer sur les places "handicapés" !
La série se passe à Marseille : enfin on sort un peu de Paris, merci aux scénaristes ! Du coup les enquêtes ont un rythme plus lent peut-être, nettement plus psychologiques que physiques : Caïn joue avec les suspects comme un chat avec une souris. Cela fait penser à l'ambiance de The Closer.
Pour ma part, même si Bruno Debrandt n'est pas réellement handicapé, je trouve réjouissant qu'on saute à deux pieds dans le politiquement correct. On peut à la fois comprendre les difficultés rencontrées par les handicapés dans leur vie quotidienne, avec leurs proches ou dans leur travail. Cependant cela n'empêche pas Caïn d'exercer un métier d'action, où il développe d'autres capacités que celles de l'aisance de son corps ! Même si c'est un peu invraisemblable, c'est néanmoins un pas important dans la banalisation de la différence.
Côté scénario, les épisodes sont denses, avec de bonnes intrigues bien ficelées. On connaît souvent assez vite le "présumé coupable" comme on dit maintenant, tout le plaisir vient de la manière dont l'équipe va parvenir à le démasquer.
Pourquoi bouder notre plaisir ? D'autant que Caïn est parfaitement charmeur, et que ces dames le trouvent irrésistible... et moi aussi !